JUIN 2016

Dans l'actualité

Marché du travail US en question

  • Le dernier rapport sur l'emploi aux États-Unis, qui indique 38 000 embauches, soit la progression la plus faible depuis septembre 2010, complique considérablement l'objectif de la Réserve fédérale de relever ses taux.
  • Mais les conditions du marché du travail ne peuvent se résumer au rythme de création des emplois. Les salaires horaires moyens, le taux de chômage et les plans d'embauche sont des facteurs qui, pris ensemble, permettent de se faire une idée de la bonne ou mauvaise santé de la situation de l'emploi. Selon l'Indice des conditions du marché du travail (LMCI), créé par le Conseil des gouverneurs de la Réserve fédérale et sa présidente Janet Yellen en 2014 et qui inclut l'ensemble de ces données, la situation prend un mauvais pli. Le dernier épisode en date de cette gravité remonte à la récession de 2007-2009.
    • En mai, le principal indicateur LMCI de la Fed a atteint un niveau de -4,8. Il s'agit du cinquième mois d'affilée pour lequel cette mesure de la situation du marché de l'emploi enregistre des résultats négatifs.
    • La dernière fois où l'indice s'est avancé en territoire négatif pendant trois mois d'affilée correspond à la période d'avril-juin 2009, à la sortie de la récession de l'économie américaine.
    • Le dernier rapport sur le LMCI constitue un véritable signal d'alarme pour la banque centrale, dont 50 % du mandat est dédié à la promotion du plein emploi. L'expansion économique vient d'entamer sa septième année et la fragilisation de la situation de l'emploi pourrait remettre en cause sa solidité, d'autant plus que c'est le secteur des ménages qui a fait le gros du travail.
  • Dans ce contexte, il est pour le moins risqué de miser sur le prochain relèvement de taux d'intérêt de la Réserve fédérale. La résolution des questions soulevées par la banque centrale au sujet du rapport décevant de mai sur l'emploi, de la fragilité des dépenses d'investissement, des risques internationaux et du fléchissement des attentes en matière d'inflation pourrait prendre, non pas des semaines, mais plusieurs mois, écartant ainsi la probabilité d'un relèvement des taux rapide. La Fed qui a conservé son statu quo sur les taux au mois de juin, reporte ainsi pour le quatrième mois consécutif, sa décision, ce qui souligne le mode de réponse progressif et inhabituel de politique monétaire d'une économie qui garde les cicatrices profondes de la récession.
  • Dans ce contexte et à la suite du vote sur le Brexit, il est peu surprenant de constater que les échanges de contrats à terme présument que le marché commence à intégrer la possibilité d'abaissement et non de relèvement des taux d'intérêt par la Fed cette année. Il y a 25 % de chance que la banque centrale procédera à un abaissement de taux d'ici le mois de septembre et 5,5 % de risque qu'elle procédera au contraire à un relèvement. Avant le référendum, la probabilité d'un abaissement était de zéro.